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Tablettes africaines : Encore un bout de chemin à faire

Tout le monde ou presque en Afrique connait Verone Mankou. Vous le trouverez sur google en tapant son nom ou simplement tablette africaine, en Français ou en Anglais. J’ai moi-même écris souvent sur lui. Après moult recherches, je n’ai pu que confirmer qu’il est bel et bien le premier à avoir inventé une tablette africaine, que ce soit en Afrique Francophone ou en Afrique Anglophone et à l’avoir exploité. Ce qui est cependant peu connu, c’est que plusieurs autres après lui se sont lancés dans le même créneau, faisant du domaine un champ d’opportunité.

Après mes premiers écris sur Vérone Mankou, quelqu’un m’a demandé si je pensais qu’il était le Steve Jobs africain comme l’appellent certains médias. Je pense que Vérone est un pionnier…mais que l’heure des Steve Jobs Africain, c’est dans deux ou trois ans qu’on va vraiment en savoir plus.

En effet, les développements technologiques africains évoluent depuis plusieurs années. Il manque cependant d’espace pour véritablement les promouvoir. Les médias étrangers choisissent les angles qui les plaisent pour analyser ces évolutions et ce sont souvent des partenaires étrangers qui financent les seuls espaces de promotion qui existent. Conséquence, l’on est ignorant de ce qui se passe. Je ne vais pas faire une historique (et elle ne manquerait pas d’être élogieuses), mais des choses se sont développées ces trois dernières années dans le domaine des tablettes pour ne prendre que ce cas.

Avec la facilité d’assemblage que représente la Chine, plusieurs jeunes osent. J’ai même un ami médecin qui vient de lancer sa propre marque de tablette pour le marché de l’Afrique de l’Ouest (pour le moment au Bénin et au Burkina Faso).

Avec ces technologies, l’Afrique marque un point de fierté….là où les géants jouent des points de rentabilité. Et c’est là que le bât blesse. Il va falloir plus que de la fierté pour que les dizaines de concepteurs de tablettes (j’exclue ceux qui se content de mettre leur marque sur des produits fais en Chine) s’élèvent à la dimension des Steve Jobs. Et malheureusement, les conditions pour cela se rassemblent faiblement.

Il faut explorer certaines solutions dans une approche de fond.

Il y a en effet un besoin d’investissements plus conséquents qui va au-delà de ce que peuvent faire les concepteurs. C’est ici que nous avons besoin que nos milliardaires se lancent au jeu. Au moins pour essayer. Afin que les entreprises de ces domaines se mettent en place de manière efficace et dépassent le stade des agitations médiatiques. La Way-C après plus d’un an est encore la tablette africaine vendue dans quelques pays. La vantiun V1 ou la « Inye », tablettes nigérianes se cherchent encore au pays de Fela et de Chinua Achebe. La Sud-Africaine Wise touch comme ses consœurs kényanes restent localisées à l’espace géographique de leurs pays pour des marchés bien réduits. La camerounaise LTS1 est à peine connue. Tout comme sa sœur locale, la cardiopad qu’on voit plus à la télévision qu’ailleurs. Pour des secteurs caractérisés par la vitesse, la lenteur de progression est trop flagrante et est un facteur limitatif.

Il y a aussi un besoin de promotion. Les salons existent déjà qui donnent un certain espace. Mais les marques de tablettes africaine y jouent encore des seconds rôles, tant pour les médias que pour le public. Il n’y a pas encore l’effet « tablette africaine » qui draine des foule, des spécialistes, fait pleuvoir des tonnes d’articles, alimentent des foras, bref, prend des places prépondérantes là où les tablettes « non africaine » ont des milliers de blogs, foras et autres sites qui leur sont consacrés.

Il faut mentionner parmi les solutions également, le besoin de développer davantage des applications qui répondent aux besoins africains pour ces tablettes. C’était la vision de Vérone en lançant VMK Market. Mais c’est en Afrique anglophone qu’on a eu le plus d’initiatives qui restent malheureusement insuffisantes. Il faut que des développeurs africains acceptent ce « bénévolat » de produire des applications même gratuites qui peuvent aider leur pays ou leur continent. Et il faut également que des mécènes acceptent de mettre des fonds pour soutenir au besoin ce genre d’initiatives sans qu’on soit obligé de tout attendre d’ailleurs.

Enfin, il faut réajuster les moyens de distribution et d’utilisation. Les technologies 3G le sont certes plus de nom qu’autre chose, mais le Wifi lui il se développe de plus en plus. Par ailleurs, la bonne exploitation de la 3G passe inexorablement par des partenariats avec les opérateurs de téléphonie. Il faut aussi prendre en compte l’épineuse question des moyens de paiement. Le Kenya par exemple a inventé le mobile Money…ça pourrait être une piste accessible à tout le monde, y compris ceux qui n’ont pas de carte bancaire de type visa ou master pour acheter des applications.

Je suis convaincu que le marché des tablettes africaines est appelé à évoluer. Ses deux principaux atouts seront le coût (la plupart des concepteurs ont cette préoccupation) et l’intégration des applications répondant aux besoins des Africains. Mais il faut vraiment des efforts pour ne pas se laisser dépasser par les évènements (quelques concepteurs sont ainsi appelé à disparaitre à cause de cela). Il faut des efforts aussi pour se hisser au sommet. Et des moyens pour dépasser le stade de la belle anecdote de réussite qui s’évanouira après avoir été racontée quelques années.

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